Nicole Barrière


POÈTE, ÉCRIVAIN, ESSAYISTE, TRADUCTRICE

Elle défend la francophonie, les langues et les cultures menacées.  

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Indignés : l'actualité des métamorphoses

Indignés : l'actualité des métamorphoses

le choeur du pouvoir Obéis ! obéis ! arrache tes racines, oublie tout de ta mémoire humaine Fais taire les voix inconnues de résistance Éteins toutes les lumières Seul le bâillon est maitre Les oiseaux se sont réunis sur les boulevards Des mendiants, des vieillards esseulés Des filles au cœur de rose. On voyait des drapeaux aux fenêtres le dimanche Sur des feuilles de soie on écrivait la vie L’avenir se balance entre les villes du monde Comme un acrobate se meut au-dessus du chaos. Les mots se déshabillent au milieu de la foule L’alphabet a ses crues entre cris et miroirs, des aveugles et des sourds s’agitent dans les échos de sang Des lumières muettes, des peurs, des sacrifices. Et des femmes aussi belles que des chats tristes. On regarde des ballons s’envoler dans l’orage Des feuilles esseulées dire leur ennui La pluie se fait chimère au coucher du soleil Et l’ancienne chronique de la nuit... (Lire la suite)


3 Décembre 2011

Borges et Buenos Aires

Borges et Buenos Aires

J’ai plongé dans les entrailles de la ville avec Borges, sur fond de tango crincrin, lancinant, agaçant : « personne ne marche là comme sur une terre étrangère ». Le mystère ouvert de la réalité, un mystère en négatifs, photos, la plongée dans un siècle d’histoire parallèle entre l’écrivain et sa ville, les lieux, les amis et toute la magie de son imagination. Je n’ai pas trouvé le chat dans le labyrinthe de la bibliothèque infinie, mais un vertige d’où remontaient les âmes d’un peuple jusqu’à leur poussière d’étoile, l’impression d’être engloutie entre les livres et leurs personnages. Que de bifurcations entre le monde des vivants et celui des morts : des voix absentes, des mythes, des langues incompréhensibles, des résonances ardentes, la bibliothèque hante jusqu’au vertige, mais ici point de vide. On traverse le miroir de morts qui parlent, des fantômes surgis de l’ombre, des ruines, des... (Lire la suite)


2 Novembre 2011

Les conteuses du café Margot

Les conteuses du café Margot

Il me tardait de retourner au café Margot pour voir comment la réalité travaillait le mystère. La salle arrière du café était comble, là se pressaient les femmes pour entendre les conteuses, on pouvait voir quelques hommes égarés, attendre patiemment. Elles découpent dans le miroir les mots de tous les jours, de toutes tailles, et les épinglent. Il y a des contes rouges avec des mots furieux, des mots verts amoureux pleins d’espoir, des mots bleus et tendres, des mots jaunes de tristesse et de bile, des mots transparents comme la magie. Lorsqu’on mêle les mots, ils se mettent à raconter ce qui est arrivé et parfois ils s’envolent pour dire ce qui arrivera. L’une cherchait le parfum de roses jaunes et du jasmin, celles-là pour aimer dans l’infidélité, celles-ci pour la tendresse de l’amour. Ainsi s’inspirait deux amours : l’un pale et défaillant au parfum pénétrant jusqu’à intoxiquer, l’autre... (Lire la suite)


2 Novembre 2011