Chronique du 1er mars et du 3 mars 2015/ Arlequin rue de Rennes. Paris

 

Alexis Zorbas/ Tsipras

Je ne sais pas si c’est l’effet du résultat des élections en Grèce mais quelques cinémas parisiens ont remis Zorba le Grec à l’affiche ! Film de 1964, film culte, magnifique !

Alexis Zorba ! l métaphore de la Grèce, exubérant, avec le grain de folie qui a le gout de la vie car il rit ! Ah le rire de Zorba, le rire d’Anthony Quinn, et il aime boire, chanter, danser et aimer !

Face à lui un jeune écrivain anglais étriqué, coincé, venu chercher une mine en héritage, empêtré dans ses bonnes manières, raide dans ses costumes et sa bonne éducation qui l’empêchent de vivre et d’aimer. Une pitié !

Je n’ai pu m’empêcher de penser à un autre Alexis, Tsirpas et à sa belle résistance contre la troïka européenne (comme ils disent).

Et je ne sais pourquoi ce film est emblématique de notre époque, d’une belle actualité.

D’abord il rompt avec les films dépressifs qui ne cessent d’envahir nos écrans et il exulte de vie, il est la vie !

Tout y est, le manque de travail et les « compétences ». Lorsque le jeune anglais demande son métier à Zorba, la réponse est « une tête, deux bras, deux jambes », c’est-à-dire un homme qui fait son métier d’homme, qui invente, qui a l’envie de bouffer le monde, et qui aime, de cette humanité qui semble perdue, c’est-à-dire qui exige d’abord la liberté, défend le faible et la femme, se goberge des couards et des religieux, capable du coup de poing contre l’injustice des traditions, et sublime autant le malheur que la joie par le chant et la danse.

Zorba c’est le chemin des utopies, c’est l’envie d’en découdre avec le monde et la vie dans les pires situations, que ce soit dans la traversée périlleuse de la mer, dans l’effondrement d’une mine, dans la lapidation d’une veuve ou dans l’agonie d’une étrangère que les villageois dépouillent, avant qu’elle n’ait rendu l’âme.

Alors en voyant Anthony Quinn Zorba se moquer de l’échec comme de la mort, apprendre à danser le sirtaki à la demande du jeune anglais, je me suis mise à rêver d’un autre Alexis (Tsipras) qui apprendrait les pas de danse d’une nouvelle éthique politique à Merkel/Hollande et les autres, c’est-à-dire cet inaliénable qu’est la vie, des femmes , hommes et enfants, cet imprescriptible qu’est la dignité , de  la culture et de la joie.

Zorba c’est l’énergie et la liberté de la Grèce, l’idée de démocratie dans sa version sauvage… instinctive, la folie qui rend au monde sa beauté et sa bonté. Et dont l’Europe a un besoin impérieux et vital !

Il faudrait organiser des séances de projection de Zorba le Grec à Bruxelles, Strasbourg, Berlin Paris etc… obliger chaque élu européen à plancher sur la vision de ce film.  Je rêve… mais qu’est-ce que c’est bon ce rêve incarné par cet acteur génial qu’est Anthony Quinn !

 

Nicole Barrière

 

 

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