Aux victimes des attentats de Kaboul, janvier 2018

 

Jadis je peignais des lettres échappées du livre des mystères.

Les fantômes nichaient sous des hiéroglyphes. ils étaient en attente.

Puis s’étaient mis en marche.

Maintenant sa main est ouverte et le réel s’échappe

juste avant que le hasard ne l’efface.

 

Il reste des reflets humains

le guetteur s’est tapi.

Des ombres floues, des pas résonnent

dans le voile du passé,

tout passe dans l’oblique

où ment ce monde sans épaisseur

 

Aux aguets de l’immobile tu deviens passeur, voyeur des traînées de poussières d’humain

et dérobe sous tes fenêtres bleues,

des colonnes sorties du passé,

Où vont toutes ces silhouettes sans passé ?

 

Où allez-vous ?

vers quelles arènes imaginaires ?

vers quel taureau aveugle

où le temps fait des passes ?

La mise à mort est pour après.

 

Certains s’égarent dans la spirale des pas, s’immobilisent devant la fenêtre des attentes.

ils restent flous, l’incertitude est en eux,

ils bougent trop de l’intérieur

la marée déborde au fond d’eux

sur le sol mouillé ils essaient de noyer l’ombre de leur ombre.

 

Où allez-vous ?

Foules solitaires, et solitaire en fuite,

D’une ville à un pays de l’autre côté des pierres, des ruines à la Chirico vous enserrent.

Vous semblez courir, on vous réduit à un détail, dans le grand effacement qui s’approche.

 

Où allez-vous ?

Ma question rebondit dans les rues vides.

Nul refuge où recomposer ces morceaux laissés en route

Des jambes, des jambes, des chaussures, sous un ciel bas.

Des passants qui passent et affleurent de leur présence humaine.

Le jour est devant eux, la nuit inutile, les pas de leur soif.

Ils sont sans repos ni ciel, ni eau.

 

Où vont-ils ?

Et quelle peur les hante ?

Ils marchent sur la route qui cache tous les morts.

Ils marchent, squelettes mouvants

Sur les pavés du néant ils avancent

Sans sourire, sans amour qui console,

ils cherchent une déchirure par où passer leur peur.

ils ont gravé leur nom dans l’oubli.

Ils marchent dans neige, dans la trace foulée

Ils marchent dans l’ombre d’un chien

 

Où allez-vous ?

Le vent répète chaque trace

Seule une branche cassée brise le silence.

Tous les chemins les ramènent au monde fait de notre indifférence

De cette fresque égoïste monte une brume violente, plus épaisse que l’eau

 

Passants, où allez-vous ?

Il est des bords de fleuves sur lesquels on se penche

on attend, on voit passer au fil de l’eau les morts

sans soleil couchant.

Ils n’ont plus de parole, ils n’ont que l’absence avec sa matière épaisse et vide

 

Où allez-vous ?

Ils n’entendent pas,

ils sont ailleurs,

ils sont partis.

Où allez-vous ?

Ils ne questionnent pas leurs peurs

Le temps pleure

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